Parallel quarry 

Exposition
Du vendredi 6 mai 2022 au samedi 4 juin 2022

Rencontre avec l’artiste
Jeudi 19 mai 2022 à 18h00

Horaire Salle Crosnier
Mardi–Vendredi   15:00 – 19:00
Samedi                      14:00 – 18:00

ENTRÉE LIBRE

M
Encore l’entre-deux, oui! Il y a cet aspect documentaire évident dans la méthode, et cette volonté de garder une forme de fidélité à ce qui peut être vécu, et en même temps, quelque chose qui glisse. Il y a un mot que j’aime bien et que tu utilises souvent, lorsqu’on s’écrit des mails, etc., c’est « disruption » : faire glisser les choses dans un autre registre. Et à propos de ce film-là – tu as aussi parlé de « fantaisie » tout à l’heure – tu as utilisé l’adjectif « surréaliste ». Comme très souvent dans ton travail, on a des récits qui commencent à glisser vers autre chose, d’étrange, de bizarre. Ta manière d’utiliser l’humour favorise aussi ce glissement vers une autre dimension.

C
Oui le dérapage me semble important, avoir un réel légèrement dévié, c’est quelque chose que j’apprécie particulièrement dans les œuvres des autres, un réalisme, mais qui part suffisamment à côté pour éveiller quelque chose. Qu’on comprenne qu’il y a quelque chose qui est là, dans le coin, qui n’est pas habituel.
(…) L’univers d’un huis-clos peut rassembler les conditions pour que des personnages émergent dans une situation un peu figée dans l’espace et dans le temps; comment des narrations peuvent en surgir, ça m’intéresse. Tout ce qui va se passer au même endroit, et au même moment : le synchronisme des émotions. Comment dérouler une histoire entière sur le même toit-terrasse; Comment un lieu va vivre plusieurs temporalités grâce à la fiction. – je trouve ça intéressant d’y penser en termes d’hétérotopies : l’hôpital, la prison, le jardin, rejouent les codes de la société à petite échelle.

(………….…)

M
Est-ce que tous ces dispositifs nous invitent à repenser la place de l’artiste dans la société – l’artiste enquêteur qui a un pied dans la réalité ? Comment parlerais-tu de cette place-là et quels seraient ses enjeux : créer d’autres récits, d’autres modèles?

C
L’enjeu de créer un nouvel espace de réflexion. Je ne sais pas si je propose des alternatives, plutôt des miroirs déformés. Proposer quelque chose qui va être plus réel que le réel, avec une fiction. A quel point le résultat faux va être plus vrai que l’original? En terme de transcription. Passer d’un médium à l’autre, un condensé de traduction. Passer d’une histoire à un film, d’un personnage à une sculpture… C’est comme ça que je fais le lien – parfois difficilement– entre mes différentes mediums.

Retranscription d’un entretien entre Marion Daniel et Camille Dumond dans le cadre de l’exposition « Etoiles distantes », FRAC des Pays de la Loire, Décembre 2021.

Avec le généreux soutien de

Fonds Claudine et Sven Widgren

Fondation genevoise de bienfaisance
Valeria Rossi di Montelera